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Sarkozy, ou l’échec d’une greffe.

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A l’occasion des élections présidentielles de 2007, Nicolas Sarkozy s’était présenté comme le candidat de la rupture. Qu’une telle prétention, venue d’un candidat qui avait eu des responsabilités importantes dans les gouvernements de droite précédents, ait pu être couronnée de succès, reste pour moi un mystère. Il n’en reste pas moins que lors de son quinquennat, il a tenté un véritable changement avec certaines politiques menées préalablement ; mais cette même rupture est largement à l’origine de son échec de 2012. Sans parler de sa conception, au moins originaire, de la présidence de la République (voir le blog consacré à ce thème), deux aspects, économique et idéologique, en sont particulièrement manifestes.
Alors que, au moins depuis la Libération, la politique économique de la France était peu ou prou guidée par une culture interventionniste qui peut conduire l’Etat à prendre en charge certains pans jugés essentiels de l’économie, Nicolas Sarkozy a tenté une rupture libérale qui consiste au contraire à laisser la main au marché, celui-ci étant tout au plus surveillé par la puissance publique. Mais cette politique n’a pas eu le succès escompté et, à la fin de son mandat, il est revenu à une vision plus ‘‘orthodoxe’’, au regard de la tradition française, de l’économie. L’essai était ambitieux, mais sans doute voué à l’échec. Dans la période récente, on peut en effet remarquer que le président sortant qui a connu le même sort funeste que lui, est Valéry Giscard d’Estaing qui avait également une vision assez libérale de l’économie. Plus loin dans l’histoire, la prospérité et la ‘‘grandeur’’ de la France ont toujours été concomitantes à une association des forces économiques privées et de l’Etat, celui-ci prenant l’initiative de l’action : les manufactures au XVII° siècle, les grandes compagnies maritimes au XVIII°, les concessions de grands travaux, dont la construction des chemins de fer, au XIX° et les politiques publiques, voire planifiées, au XX°. La France n’est pas une terre de libéralisme économique. On peut s’en réjouir ou le déplorer, mais l’ignorer mène à l’échec.
Va également à l’échec, celui qui fait fi des valeurs de la République. Par exemple, être ambigu sur la laïcité, remettre en cause, au moins en parole, la solidarité en tentant de séparer des catégories du peuple, plutôt considéré comme une population, voire de dresser les ‘‘bons Français’’ ou les ‘‘Français authentiques’’ contre d’autres personnes, n’est pas conforme à la tradition républicaine. Et si Nicolas Sarkozy a pris en matière économique un tournant qui, outre qu’il était sans doute dicté par la réalité de la situation, marquait une prise de conscience en ce domaine, il a au contraire accentué sa politique loin des valeurs républicaines au point de donner prise à un procès en pétainisme qui reste certes à instruire, mais qui ne peut être rejeté d’un simple revers de la main. Est-il illégitime de penser que le peuple a réagi de manière en définitive saine en rejetant une telle greffe ?

François Hervouët


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